Elle n’avait pas le prestige d’une finale de Grand Chelem mais la finale du Masters Series de Rome 2006 valait largement la finale d’un Majeur par sa beauté et par son intensité. La finale du tournoi italien opposait cette année-là Roger Federer et Rafael Nadal. Le Suisse est à l’époque numéro 1 mondial depuis plus de deux ans et domine le circuit comme peu de joueurs l’ont fait dans l’histoire.
Mais Rafael Nadal est l’un des rares qui parvient à perturber sa domination. Vainqueur des quatre de leurs cinq premiers duels, le Majorquin ne parvient pas encore à s’approcher de la première place mondiale.
Avant le tournoi italien, le jeune prodige de 19 ans est même le seul à avoir battu son adversaire depuis le début de l’année, respectivement lors des finales des tournois de Dubaï et de Monte-Carlo.
Pour parvenir en finale, le Maestro a lâché deux sets en cours de route. Après des victoires faciles face à Juan Ignacio Chela, Potito Starace et Radek Stepanek, le Bâlois a difficilement sorti le jeune Nicolas Almagro, pourtant issu des qualifications, en trois sets en quarts de finale puis David Nalbandian également en trois sets en demi-finale.
De son côté, son adversaire a connu un parcours plus tranquille. Hormis un set perdu d’entrée contre son compatriote Carlos Moya, le numéro 2 mondial a expédié Filippo Volandri, Tim Henman, Fernando Gonzalez et le surprenant Gaël Monfils en demi-finales.
Une finale à rebondissements
Entraîné à l’époque par l’Australien Tony Roche, l’Helvète essaye notamment de modifier certains compartiments de son jeu pour gêner son nouveau rival. Pour débuter sa 13e finale de suite, Federer commence bien le premier set.
Même s’il ne réussit pas à breaker son adversaire, il s’empare du jeu décisif sans laisser le moindre point à son rival. Alors que Nadal monte en puissance et s’offre une balle de set à 5-4 dans le deuxième set, le Suisse serre le jeu jusqu’au tie-break lors duquel il mène 4 points à 2.
Mais le vainqueur du dernier Open d’Australie enchaîne les erreurs pour le plus grand bonheur de Nadal qui remporte le jeu décisif 7 points à 5. Profitant de son léger ascendant, l’Espagnol profite de sa dynamique pour réaliser le premier break du match à 2-2 dans le troisième set.
Il ne lâche plus son avantage et prend la troisième manche. Touché dans son orgueil, Federer se révolte et gagne le quatrième set sans problème 6 jeux à 2.

Le Suisse laisse filer deux balles de match
Sur sa lancée, le numéro 1 mondial prend le service de son adversaire pour mener 4 jeux à 1 dans le cinquième set. Mais Nadal se rebiffe et recolle à 4-4. Bénéficiant de l’avantage de servir en premier, la tête de série numéro 1 s’offre deux balles de match à 6-5 15-40 sur le service de son adversaire. Mais sur chacune d’entre elles, Federer se précipite, commet deux fautes en coup droit et laisse passer sa chance.
Dans le tie-break, il mène encore 5-3 sur son service…avant de perdre les 4 points suivants et donc le match sur une dernière faute en coup droit. Comme l’année précédente, Nadal s’écroule de bonheur sur la terre battue du Foro Italico.
Le numéro 2 mondial l’emporte sur le score de 6-7(0), 7-6(5), 6-4, 2-6, 7-6(5) en 5h05 et s’impose pour la deuxième fois en Italie. Ce duel restera le plus long des 40 matchs qu’ils auront disputés ensemble.

Federer restera maudit à Rome
Roger Federer ne le sait pas encore, mais il vient de laisser passer une chance historique de remporter le tournoi italien. Après cette défaite, la seconde en finale après celle de 2003, il perdra au même stade de la compétition en 2013 et en 2015 à Rome. Le tournoi restera l’un des deux Masters 1000, avec celui de Monte-Carlo, qui manquera à jamais à son palmarès.
Impuissant lors des trois autres finales, l’homme aux vingt titres du Grand Chelem n’aura jamais été aussi proche de conjurer le sort qu’en 2006. Dans les treize duels sur ocre qui suivront, Federer ne battra Nadal que deux fois…