Il aura fallu attendre quatorze ans pour revoir une Française en demi-finale de Roland-Garros. Inconnue du grand public avant cette quinzaine, Loïs Boisson a pourtant écrit sa propre histoire en succédant à Marion Bartoli. En l’espace de deux semaines, la joueuse de 22 ans s’est imposée comme la révélation tricolore du tournoi. Tombeuse de la n°3 mondiale, puis de la n°6, elle a conquis les cœurs et bouleversé la hiérarchie.
La quinzaine d’une vie
513e mondiale avant de remporter le W75 de Saint-Gaudens, trois semaines plus tôt, Loïs Boisson disputait à Roland-Garros le tout premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière. Bénéficiaire d’une wild-card, elle revenait d’une grave blessure subie un an plus tôt à la même période, avec une rupture d’un ligament croisé. La Dijonnaise avait alors manqué l’opportunité de disputer le Majeur parisien, mais ce n’était que partie remise.
De retour sur les courts depuis seulement quelques mois, c’est dans l’inconnu qu’elle s’avançait pour son premier tour Porte d’Auteuil. Opposée à la tête de série n°24, Elise Mertens, la Française a donné le ton d’entrée. Sur un court 14 en fusion, elle s’est imposée en trois sets (6-4, 4-6, 6-3), sans complexe face à la Belge, qui n’avait jamais été éliminée avant le troisième tour à Paris. Au deuxième tour, Boisson a balayé Anhelina Kalinina (6-1, 6-2).
Au troisième tour, elle affrontait sa compatriote Elsa Jacquemot dans un duel à fort enjeu, avec une place en deuxième semaine à la clé. En maîtrise dans le premier set remporté 6-3, Boisson est apparue diminuée physiquement au genou. La deuxième manche lui a échappé (0-6), et le doute s’est installé.
Mais plus de peur que de mal : la Dijonnaise a su se relancer et s’imposer dans la dernière manche (6-3, 0-6, 7-5). C’était désormais sûr : la 361e mondiale allait disputer une deuxième semaine à Roland-Garros.
La bascule dans l’irréel
Pour continuer son incroyable parcours, un mur semblait se dresser face à elle, en la personne de Jessica Pegula, numéro 3 mondiale. L’Américaine, très solide depuis le début du tournoi, représentait le plus gros défi de la carrière de Boisson. Après avoir perdu le premier set, la Française est revenue à hauteur grâce à un revers croisé monumental.
Le Philippe-Chatrier a alors explosé, poussant la Tricolore vers l’exploit. Et Boisson l’a fait : elle a fait tomber Pegula en trois sets (3-6, 6-4, 6-4) après 2h40 de combat pour s’offrir une place en quarts de finale de son tout premier Grand Chelem.
L’EXPLOIT DE SA CARRIÈRE 🇫🇷
361e mondiale, Loïs Boisson fait tomber la n°3 Jessica Pegula à #RolandGarros pour atteindre son premier quart de finale en Grand Chelem. 🌋
Un an après sa grosse blessure, elle gagnera plus de 240 PLACES au classement. 👏pic.twitter.com/7fzGA3hMKS
— Univers Tennis 🎾 (@UniversTennis) June 2, 2025
En quarts, c’est Mirra Andreeva, la n°6 mondiale, qui se dressait sur sa route. Une marche encore plus haute, mais la Française n’a pas tremblé. Dans une première manche de haut niveau, Boisson a arraché le tie-break. Globalement supérieure à une Russe parfois frustrée, elle a poursuivi sur sa lancée pour conclure (7-6, 6-3), sous les yeux ébahis du public.
À 22 ans, Loïs Boisson s’est qualifiée pour les demi-finales de Roland-Garros dès sa première participation à un tournoi du Grand Chelem. Une performance historique : elle est devenue la première wild-card à atteindre ce stade dans l’histoire du tournoi.
Pour continuer à rêver, elle devait défier Coco Gauff. Mais face à la joueuse ayant remporté le plus de matchs sur terre battue cette saison (à égalité avec Sabalenka), l’obstacle était trop grand. En 1h12, l’aventure s’est terminée, Loïs Boisson a été balayée par la n°2 mondiale (6-1, 6-2). Mais la Française peut être fière de son parcours exceptionnel, elle qui a fait vibrer tout un pays pendant quinze jours.
MERCI LOÏS BOISSON ❤️🇫🇷
Premier tournoi du Grand Chelem : première demi-finale à #RolandGarros
⭐️ n°3 mondiale (Jessica Pegula)
⭐️ n°6 mondiale (Mirra Andreeva)Après le tournoi, la Française passera de la 361e à la 65e place à 22 ans. 👏pic.twitter.com/mPPPz1eAYX
— Univers Tennis 🎾 (@UniversTennis) June 5, 2025
Objectif Wimbledon ?
361e mondiale au début de la quinzaine, Loïs Boisson pointera à la 65e place mondiale lundi prochain. Avec ce bond de 296 places, elle s’assure une entrée directe dans la plupart des tableaux des tournois du circuit WTA. Un gain significatif, d’autant qu’elle deviendra la nouvelle n°1 française. Aux côtés de Léolia Jeanjean et Diane Parry, elles seront désormais trois Tricolores dans le TOP 100. La Dijonnaise a également quintuplé son prize-money, passant de 130 000 € à 690 000 €.
Boisson vise désormais Wimbledon, mais sa présence dans le tableau principal n’est pas encore garantie. Malgré son nouveau classement, le cut du Grand Chelem londonien est déjà passé. Elle figure pour l’instant dans la liste des qualifications grâce à son classement protégé.
En attendant, son agent a adressé une demande officielle aux organisateurs du tournoi, qui disposent de huit wild cards, sans accord de réciprocité avec la FFT, contrairement à l’Open d’Australie et à l’US Open.