Désormais reconnu comme le plus grand palmarès de l’histoire du tennis, ou tout simplement le meilleur joueur de tous les temps, Novak Djokovic a connu une période qui aurait pu profondément modifier la suite de sa carrière.
Battu sèchement par Benoit Paire au Masters 1000 de Miami 2018 après des moments difficiles, le Serbe avait annoncé à ses proches qu’il était prêt à jeter l’éponge. Que s’est-il passé et comment Djokovic a-t-il repris le contrôle ? Pour raconter cette histoire, il est important de replonger quelques années en arrière afin de replacer le contexte.
Djokovic 2016 : La fin d’une quête
Après une saison 2015 historique marquée par 82 victoires pour seulement 6 défaites et 11 titres remportés, Novak Djokovic abordait l’année 2016 avec un objectif majeur, remporter enfin Roland-Garros. Si le Serbe dominait le circuit, un trophée manquait encore à son palmarès : le Grand Chelem parisien.
Battu par Rafael Nadal à plusieurs reprises et marqué par une défaite douloureuse contre Stan Wawrinka en finale de l’édition 2015, Djokovic espérait enfin briser la malédiction sur le Court Philippe-Chatrier.
Roland-Garros 2016 offrait une opportunité unique : Rafael Nadal, neuf fois vainqueur, était en difficulté avec son poignet et contraint de se retirer avant le troisième tour. Irrésistible, Novak Djokovic a réalisé un parcours quasi-parfait jusqu’à la finale, où il s’est alors imposé en quatre sets face à Andy Murray. Avec cette victoire historique, il complétait le Grand Chelem en carrière et remportait son 12e titre en Majeur.
Malgré ce triomphe, un dernier objectif restait dans le viseur du Serbe : la médaille d’or olympique. Mais à Rio, Djokovic a connu une immense déception en s’inclinant dès le premier tour face à Juan Martin Del Potro.
Suite à cela, le natif de Belgrade n’a plus remporté de titre majeur pendant près de deux ans, perdant notamment en finale de l’US Open face à Stan Wawrinka et au Masters contre Andy Murray, qui lui ravira la place de n°1 mondial. En fin d’année, le Serbe perdait alors son trône pour la première fois depuis 2014.
Djokovic 2017 : Perte de motivation et blessure
Après avoir accompli sa mission à Roland-Garros, Novak Djokovic s’est retrouvé « mentalement vidé ». Le Serbe n’a pas caché son épuisement dans une interview accordée au Parisien : « J’avais épuisé toutes mes émotions à Roland-Garros. Il ne restait presque rien et je me suis blessé. Ça m’a pris longtemps pour me rééquilibrer mentalement, émotionnellement et commencer à retrouver cette étincelle ». Malgré son poids historique, le titre à Paris, ou plutôt l’énergie dépensée pour enfin le décrocher, avait fait beaucoup de mal à Djokovic.
La saison 2017 a viré au cauchemar pour l’ancien n°1 mondial. Pour la première fois depuis 2006, Djokovic n’a atteint aucune demi-finale en Grand Chelem. Pire encore, ses défaites face à des adversaires à sa portée et le contenu de ses matchs ont soulevé de nombreuses inquiétudes.
À l’Open d’Australie, il chutait dès le deuxième tour face à Denis Istomin, 117e mondial. À Roland-Garros, il subissait une lourde défaite en quarts de finale contre Dominic Thiem, s’inclinant en trois sets secs, dont un cinglant 6-0 dans la dernière manche. Wimbledon ne lui a offert aucun répit : blessé au coude, il a abandonné en quarts de finale face à Tomas Berdych, concluant ainsi un été de désillusions.
En juillet, accablé par une douleur persistante au coude et un mental ébranlé, Djokovic a pris la décision radicale de mettre un terme prématuré à sa saison. Pour la première fois de sa carrière, il faisait l’impasse sur un tournoi du Grand Chelem en renonçant à l’US Open.
Cette absence a précipité sa sortie du TOP 10 mondial, une situation inédite pour lui depuis 2007. À 30 ans, et après plusieurs saisons au sommet, le doute s’installait logiquement : assistait-on au déclin de Novak Djokovic ?
Djokovic 2018 : Des ténèbres…
Handicapé par une blessure au coude, le Serbe revenait sur le circuit après six mois d’absence, mais peinait à retrouver son meilleur niveau. Battu en huitièmes de finale de l’Open d’Australie par Hyeon Chung, Djokovic, longtemps réticent à l’idée de subir une intervention chirurgicale, a fini par se faire opérer. Il a rapidement repris la compétition pour disputer le « Sunshine Double », une tournée où il avait notamment brillé par le passé.
Mais rien ne s’est passé comme prévu. Méconnaissable, il s’est incliné dès son entrée en lice à Indian Wells face au modeste 109e mondial, Taro Daniel. Il a ensuite subi une défaite en deux sets face au 47e mondial, Benoit Paire, à Miami. Le Français, conscient d’affronter un Djokovic loin de ses standards, n’avait alors même pas célébré sa victoire.
Démotivé et épuisé, le Serbe a réuni ses proches en leur annonçant sa volonté « d’arrêter » à 30 ans. « Il nous a dit : ‘Les gars, c’est fini’. Il a demandé à son agent de prévenir ses sponsors. Nous avons beaucoup pleuré », a confié sa femme Jelena lors d’un entretien avec le journaliste Graham Bensinger.
Pourtant, un déclic s’est produit quelques semaines plus tard : « Nous sommes ensuite partis en vacances. Après plusieurs jours sans vouloir entendre parler de tennis, il a vu que nous nous amusions avec les enfants et qu’il ne s’agissait pas d’un entraînement comme il en avait l’habitude depuis des années. Il est finalement revenu tous les jours avant d’appeler son coach pour lui demander de reprendre l’entraînement », poursuit Jelena.
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…à la lumière
Un mois après son dernier match, Novak Djokovic revenait finalement sur terre battue. Son retour fut compliqué, marqué une nouvelle fois par des défaites frustrantes, notamment contre Marco Cecchinato en quarts de finale de Roland-Garros. Après ce revers, le 22e mondial, très contrarié en conférence de presse, a même déclaré : « Je ne sais pas si je jouerai à Wimbledon ».
Il ne le savait pas, mais c’est bien à Londres que Djokovic allait retrouver les sommets. En point d’orgue, un match lui permettait de revenir dans une dimension stratosphérique : la demi-finale monumentale remportée 10-8 au cinquième set contre Rafael Nadal.
Le lendemain, il s’imposait en finale contre Kevin Anderson et remportait son 13e titre du Grand Chelem, son premier depuis plus de deux ans. Un sacre qui relançait totalement la machine Djokovic. Il s’adjugeait plus tard le seul Masters 1000 qui manquait à son palmarès, complétant ainsi le « Career Golden Masters » en battant Roger Federer en finale de Cincinnati.
L’ascension ne s’arrêtait pas là : l’US Open et le Masters 1000 de Shanghai venaient couronner une deuxième partie de saison exceptionnelle. Après avoir touché le fond, Djokovic était enfin de retour. La suite, elle, appartient désormais à l’Histoire…
