Dans la salle de presse de Shanghai, Benjamin Balleret avait du mal à poser des mots sur ce qu’il venait de vivre. Son frère cadet, Valentin Vacherot, 204e mondial deux semaines plus tôt, venait de remporter un Masters 1000 après avoir battu notamment Novak Djokovic et Arthur Rinderknech en finale.
« Le sentiment est incroyable. Val est un vainqueur de Masters 1000. Il y a des joueurs qui ont une carrière de 15 ans sans jamais gagner un titre ATP. Ce qu’il a fait cette semaine, c’est juste incroyable », a-t-il commencé, encore incrédule.
Pour l’ancien joueur devenu entraîneur, cette semaine a pris des allures de rêve éveillé : « On savait qu’il pouvait bien jouer, mais ce qui s’est passé est inattendu. Chaque jour, il a grandi. Au départ, on se disait que jouer Sinner serait déjà une belle histoire. Et puis il n’a pas joué Sinner, il a continué. Puis Djokovic… et il le bat. Ensuite, jouer son cousin Arthur en finale… Tout le monde dit que c’est un film, un conte de fées. C’est exactement ça. »
🥹❤️ Arthur Rinderknech 🇫🇷 pour Valentin Vacherot et Benjamin Balleret : « Deux cousins sont plus forts qu’un. Vous avez gagné aujourd’hui, bravo, j’ai tout donné. Je suis tellement content pour vous, j’espère qu’on en aura d’autres. Je vous aime fort »pic.twitter.com/AMMeKep6sy
— Univers Tennis 🎾 (@UniversTennis) October 12, 2025
« À 18 ans, il n’était pas prêt »
Benjamin Balleret a aussi replongé dans les débuts de leur aventure commune.
Avant cette explosion soudaine, il y a eu des années de construction, de doutes, et de choix familiaux décisifs : « Quand Val a eu 18 ans, il voulait être professionnel, mais il n’était pas prêt. Pas assez mature dans la tête, ni physiquement. Il était très maigre. En famille, on a décidé de l’envoyer aux États-Unis, à l’université, pour qu’il apprenne, qu’il se développe. »
Un pari payant : après quatre années à Texas A&M, Vacherot revient plus solide, et rejoint son frère en 2021 pour une aventure commune : « On est partis de zéro. C’est aussi pour ça que l’émotion est si forte. C’est une longue route, avec des hauts et des bas. Parfois, on perd un peu la foi. Quand c’est ton frère, c’est encore plus fort. Mais on a continué à croire, à travailler, et aujourd’hui il est là, champion d’un Masters 1000. C’est juste incroyable. »
La fierté de Balleret est aussi celle d’un pays. Le petit rocher a désormais un champion de Masters 1000 en simple, deux titres en double, et une finale de Grand Chelem.
Une performance hors norme pour une fédération minuscule : « C’est fou à Monaco. Les gens m’ont envoyé des vidéos, c’est la folie. Et je pense que c’est aussi pour ça que Val a gagné ce tournoi. Il aime tellement son pays. Tous les messages, tout l’amour qu’il a reçus pendant la semaine, ça l’a porté. Monaco fait partie de cette victoire. »
« Maintenant, on veut continuer »
Interrogé sur la suite, Balleret a immédiatement recentré le discours vers l’avenir : « Les tournois qu’il va jouer maintenant, ce sont ceux dont il rêvait toute sa vie : les grands. C’est ce que je lui ai dit juste après le match : c’est incroyable, mais on continue. On y retourne à fond. Il faut jouer sa carrière à 100 % et ne jamais regarder en arrière. »
L’ancien 204e mondial, même classement que son frère avant Shanghai, n’a pas caché un sourire en évoquant ce clin d’œil du destin : « C’était mon meilleur classement, et lui était 204 cette semaine. Et il fait ça ! Quand on fixait des objectifs, ce n’était pas seulement le top 100. On voulait plus : top 50, top 30. Il faut toujours rêver plus haut. C’est comme ça qu’on avance. »
« Un conte de fées monégasque »
Entre la victoire de Valentin, la présence de Roger Federer dans les tribunes, et la dimension familiale d’une finale entre cousins, cette semaine à Shanghai restera dans les mémoires.
Pour Benjamin Balleret, plus que l’exploit sportif, c’est la force d’une histoire collective qui émerge : « Ce qu’il a fait, c’est un conte de fées pour nous, pour la famille, pour Monaco et pour le tennis. On a écrit quelque chose d’unique. Et le plus beau, c’est que ce n’est peut-être que le début. »